Après plusieurs mois à Médine, j’ai senti en moi le besoin de réfléchir à l’avenir de Sawmah.
La marque grandissait, les retours étaient positifs, mais au fond de moi, je savais qu’il fallait aller plus loin : remonter aux sources, comprendre ce que peu cherchent à comprendre.
L’idée a commencé à germer doucement.
J’avais déjà exploré l’Asie, notamment la Chine. Cette fois, mon cœur s’est tourné vers le Japon.
Pourquoi le Japon, diras-tu ?
Parce qu’à force de vivre à Médine, de voir ces qamis d’un blanc éclatant portés fièrement par les hommes, une question revenait sans cesse :
« C’est quel tissu ? »
Et presque à chaque fois, la réponse était la même :
« C’est du tissu japonais. »
Ce mot résonnait dans ma tête.
Ce tissu que nous aimons tant, fluide et résistant, viendrait du Japon.
Alors je me suis dit : pourquoi ne pas aller chercher la source ?
Pourquoi ne pas supprimer tous ces intermédiaires et ramener à Sawmah le tissu original, celui dont tout le monde parle sans vraiment savoir d’où il vient ?
J’ai donc entrepris le voyage.
L’hiver battait son plein, le froid mordait, contraste saisissant avec la chaleur de Médine.
Et pourtant, dès mon arrivée, j’ai ressenti ce calme, cette rigueur, cette politesse propre à la culture japonaise.
Le Japon, c’est une autre planète : silence, respect, précision. Il faut savoir aussi que beaucoup de choses sont différentes, au niveau religieux, alimentaire, style de vie.. et qu'aussi la vie est chère au Japon.
J’ai profité du voyage pour réaliser le shooting de la collection Ramadan, un décor fantaisiste qui, étrangement, se mariait parfaitement à l’esprit de Sawmah.
Mais concernant le tissu…
Aucune trace.
Aucune usine.
Aucune source identifiable.
Comme si le secret était soigneusement gardé derrière des portes invisibles.
Peut-être que je manquais d’informations.
Peut-être que la chaîne d’intermédiaires était si longue que personne ne connaissait vraiment l’origine.
C’était, objectivement, un échec.
Mais un échec plein d’enseignements.
Parce qu’en cherchant ce tissu, j’ai compris que ce qui fait la beauté d’un vêtement, ce n’est pas seulement sa matière, mais l’intention qu’on y met, la sincérité du parcours, la volonté d’aller là où les autres ne vont pas, la difficulté derrière tout ce travail fini.
Je n’ai pas trouvé le tissu japonais… mais j’ai trouvé mieux : la conviction que Sawmah devait continuer à avancer, à explorer, à raconter des histoires vraies.
Parce qu’entreprendre, c’est tomber, se relever, apprendre, et surtout ne jamais cesser de chercher l’excellence.
